Baptême du feu, pour la première fois un jeune sous-lieutenant mène sa section à l’attaque

Pour la première fois, un jeune sous-lieutenant mène sa section à l’attaque. Il va recevoir le baptême du feu. Tout son esprit est tendu vers cette pensée ; mais cela ne le trouble pas. Il a songé à prendre un appareil photographique pour fixer les péripéties de cette mémorable circonstance dont Signal présente le reportage

Nous sommes là depuis 7 heures. Au loin le canon gronde sans arrêt. Le génie nous a précédés, et nous attendons que les sapeurs aient achevé le pont de secours qu’ils lancent sur le fleuve, quelque part dans l’est. Enfin ça y est ! Devant nous, les deux compagnies qui doivent mener l’attaque se mettent en marche. Nous suivons à bonne distance. Nous arrivons au pont dont la teinte claire se détache sur le vert des prés. Les pionniers diligents posent le parapet. Nous longeons les prairies qui bordent le fleuve, et l’inspiration vient me visiter. Je note l’air (il vaut un peu mieux que le précédent) C’est pour la nouvelle chanson de la compagnie. Mais une autre chanson vient troubler la mélodie. Une rafale de mitrailleuse claque à nos oreilles. C’est la guerre !...

 

Pont construit par le génie allemand.

Les premières compagnies traversent le fleuve et avancent en pays soviétique

 

Le baptême du feu !

Nous avons parcouru quelques centaines de mètres. L’ennemi déclenche ses premiers tirs. Ma section s’abrite en attendant l’ordre d’attaquer

 

Point à atteindre :

Les cabanes en lisière du bois. Les compagnies, en ligne déployée, partent à l’attaque

 Couchez vous !

Nous nous aplatissons dans l’herbe. J’observe les compagnies de tête et j’examine le terrain. Les prés conduisent en pente douce à un petit bois. Devant le bois, ça et là, quelques misérables bicoques. Je reçois l’ordre du commandant de compagnie : "En tirailleurs ! Objectif à atteindre : les cabanes en lisière du bois." Mes hommes se déploient. Les autres sections progressent rapidement. Le spectacle est impressionnant. Le feu des mitrailleuses ennemies se fait plus intense. Un hurlement formidable, un fracas terrifiant. La terre éventrée jaillit de tous côtés ; les éclats d’obus sifflent aux oreilles : le barrage d’artillerie soviétique vient de se déclencher.

        Nous franchissons la zone meurtrière, calmes et en ordre, comme à l’exercice. Etrange sensation. J’avais souvent songé à ce "baptême du feu" et aux impressions que j’éprouverais. Maintenant que l’instant est venu, je n’ai pas le loisir de réfléchir. Nous voici devant le village. Dans la grisaille des toits de chaume, des casques soviétiques en mouvement.
Mettez le feu à la cabane de droite !
La mitrailleuse lâche une rafale de balles incendiaires. Cela à suffit ! Les flammes jaillissent du toit. Le tir ennemi s’arrête.

_ Les voilà qui s’enfuient ! me crie le tireur rayonnant de joie. Je vois en effet des silhouettes d’un vert bizarre se précipiter vers le bois. Nous nous élançons à leur poursuite : nous arrivons au sommet de la butte. La section se regroupe. Nous fouillons le bois, nous cherchons derrière les arbres et les cahutes. Notre attention est attirée par un vrombissement particulier. Une escadrille d’avions soviétiques paraît au-dessus du bois. Nous cherchent-ils ? Non ; ils disparaissent à l’ouest.

        Le commandant de compagnie envoie une grosse patrouille battre le bois. Nous avons cerné toutes les bicoques. Sur un toit quelque chose a remué. Nous n’avons pas le temps de fouiller ; deux grenades par la fenêtre. Après la détonation une fumée épaisse se dégage de l’intérieur. Encore une cabane d’ou on ne tirera plus ! Les éclaireurs reviennent. Ils ont repéré un mortier d’infanterie et fait quelques prisonniers. La forêt encerclée à été balayée avant la tombée de la nuit. Le lendemain nous l’avons laissée bien loin ; elle était déjà à l’arrière du front, du front sans cesse en marche vers l’est.

Le tir de barrage soviétique.

Par un hasard heureux le photographe à réussi à fixer sur la pellicule un obus explosant en l’air, après avoir rebondi

 

Sous officier en tête,

une patrouille traverse le village. Une mitrailleuse assure la protection

 

L’incendie vient à bout d’un nid de résistance.

Comme position de tir, les soldats soviétiques choisissent de préférence les cabanes des paysans. Quelques balles incendiaires les délogent bien vite.

 

A travers le rideau de fumée des cabanes en feu.

Un sous-officier observe le vol d’une escadrille d’avions soviétiques. Un soldat se met à l’abri.

 

Le combat a pris fin.

Le second échelon de la compagnie organise la défense du terrain conquis. Encore une photo en souvenir