L'affaire Katyn

 

            L'affaire de Katyn commence par hasard un jour de printemps 1943, Katyn est un village situé à 16 kilomètre de Smolensk alors située en URSS. Là dans la forêt proche les allemands découvre un charnier de plusieurs milliers de cadavres. Des recherches sont alors entreprises pour déterminer la nature de ce massacre, à l'évidence il s'agit de milliers d'officiers polonais capturés par l'armée rouge en 1939. Bien sur, la propagande nazie s'empare de cette affaire, qui ne manque pas d'apparaître bientôt dans Signal. Dès le numéro 11 de 1943 une double page sous le titre : "L'Europe accuse" parait dans la revue, voici la page réservée à Katyn.

    

"Les documents du massacre. Des journalistes venus de tous les pays européens examinent les objets trouvés auprès des cadavres des douze mille officiers polonais assassinés par les bolcheviks. L'objectif témoigne. Les travaux de déblaiement sur l'immense terrain ou eurent lieu les massacres sont fixés par la pellicule. Ces documents constitueront une preuve irréfutable des crimes horribles qui ont été commis"

 

Dans toute l'Europe occupée l'affaire fait grand bruit, noter la photo de gauche : l'homme à la caméra et les deux porteurs du brancard, ce sont les mêmes hommes qui figurent dans les actualités françaises de juillet 1943.

Visitez ces liens :

http://www.ina.fr/voir_revoir/guerre/photos/10_43-18.fr.html

(Vidéo de 2 mn et 24 sec)

http://www.ina.fr/voir_revoir/guerre/france/43-18.fr.html

"La vérité se fait jour. Pendant trois ans, les assassinés de Katyn étaient demeurés un mystère. Aujourd'hui, les blessures dans la nuque des victimes ainsi que les marques distinctives de leurs grades (ci contre celle d'un major polonais) dévoilent ces agissements criminels."

 

(Croquis situant les lieux)

        Dans le numéro 12 de 1943, Katyn prend une place privilégiée : en couverture et quatre pages entièrement consacrées à cet événement.

 

            Edition en langue française, du numéro 12 de 1943, en couverture : "Un témoin . Un document officiel sur Katyn". Bien sur, Signal s'étend sur ce crime de guerre, il va s'en dire qu'il n'est pas soufflé mot des atrocités allemandes.

            "Un témoin. Le cultivateur Kieseloff, âgé de 74 ans. C'est lui qui, au début de cette année, a soufflé à l'oreille de chauffeurs polonais : "allez donc dans le bois de Katyn". Il raconte ici à la commission européenne comment, au printemps de 1940, il avait observé pendant des mois, en gare de Gniesdowa, l'arrivée d'officiers polonais, et entendu pendant des mois des coups de feu venant de la foret de Katyn. a gauche sur la photographie, le professeur Naville de Genève, à droite, le professeur Spaleers de Gand."

 

 

            Cette affaire fait évidemment grand bruit, relayée par tout le système de propagande nazi, ainsi sur les murs de Paris on peut voir ce printemps là ces affiches :

 

Voici le reportage complet tel qu'il est paru en juin 1943

        

Les autorités soviétiques nient bien entendu sa responsabilité dans ce massacre et rejette la faute sur les allemands, lors du procès de Nuremberg les représentants de l'URSS font inclure Katyn dans l'acte d'accusation. Plusieurs travaux sur ce sujet ont déjà été réalisé vous pouvez les consulter à ces  adresses :

http://www.phdn.org/histgen/katyn.html

http://www.histoire.presse.fr/Katyn

            Ce n'est qu'à une époque récente que la Russie reconnaît les actes perpétrés par l' ex-URSS. D'autres fosses ont été découvert sur le site récemment. Les documents accessibles de l'ex-URSS eux ne laissent aucun doute sur le sort qui a été réservé aux prisonniers polonais :

        


Voici la traduction de ces quatre pages, un grand merci à Irina  pour la traduction.

 

Commissariat

Des Affaires Intérieures                     Comité Central

Du Parti Communiste de la Russie

 ( b-bolchevik)

                   Mars 1940

                   Moscou

                                                                  Au  Camarade  Staline

                   Dans des camps pour des prisonniers de guerre de NKVD et dans des prisons des régions de la Biélorussie et de l’Ukraine occidentale actuellement se trouve un grand nombre d’ex-officiers de l’Armée polonaise ainsi que d’ex-policiers de la police polonaise et des  agents de contre-espionnage, de membres de partis nationaux, de participants  des complots etc… . Tous ils sont des ennemis jurés du pouvoir soviétique et sont remplis de haine envers le régime soviétique.

                   Des officiers et des policiers prisonniers, en se trouvant en captivité, essaient de continuer le travail contre-révolutionnaire, font la propagande anti-soviétique.

                   Chacun d’entre eux ne fait qu’attendre la libération pour se joindre activement à la lutte contre le pouvoir soviétique.

                   Des organes de NKVD ont découvert dans des régions de la Biélorussie et de l’Ukraine occidentale un certain nombre d’organisation contre-révolutionnaires.

                   Des ex-officiers, ex-policiers et gendarmes de l’armée polonaise jouaient un rôle directeur actif dans toutes ces organisations contre-révolutionnaires.

                   Parmi des personnes arrêtées pour la violation de frontière il a été détecté un grand nombre de participants des organisations d’espionnage et d’activité contre-révolutionnaire.

                   Dans des camps des prisonniers de la guerre il y a (sans compter des soldats et des sous-officiers) 14.736 d’ex-officiers, du personnel administratif, des propriétaires terriens, des policiers, des gendarme, des surveillants des prisons des contre agents  - dont plus de 97% de nationalité polonaise.

                   Parmi eux :

                   Généraux, colonels, sous colonels  - 295

                   Majors et capitaines  - 2.080

                   Lieutenants et sous-lieutenants – 6.049

                   Officiers et sous comandants de la police, gardes-frontières, surveillants des prisons et  contre agents  -  5.138

                   Personnel administratif, propriétaires terrien, représentants religieux – 144

                   Dans des prisons des régions occidentales de l’Ukraine et de la Biélorussie se trouvent 18.632 prisonniers (dont 10.685 sont polonais)

                   Parmi eux :

                   Ex officiers – 1.207

                   Policiers et gendarmes – 5.141

                   Espions et saboteurs  - 347

                   Ex propriétaires terriens, industriels, pers.administratif – 465

                   Membres de différentes organisations contre-révolutionnaires – 5.345

                   Traîtres – 6.127

                   Compte- tenu du fait qu’ils sont tous  des ennemis jurés du pouvoir soviétique, NKVD de l’URSS trouve nécessaires :

                   I.Proposer à NKVD de l’URSS :

1)     les dossiers des 14.700 d’ex-officiers, propriétaires terriens, policiers, gendarmes, contre agents, surveillants des prisons,

2)     et aussi les dossiers de 11.000 prisonniers se trouvant dans des prisons des régions occidentales de l’Ukraine et de la Biélorussie et étant membres des organisations contre-révolutionnaires, de sabotage et d’espionnage

-         d’examiner les dossiers en impliquant la peine capitale – fusiller.

II. Examiner les dossiers sans présences des accusés, sans présenter l’accusation,    et sans mise au courant sur le verdict

a)     quant aux prisonniers se trouvant dans des camps des prisonniers de guerre – sur des attestation du Comité des affaires des prisonniers, de NKVD de l’URSS,

b)    quant aux personnes arrêtées – sur des attestations de NKVD de l’Ukraine et de la Biélorussie.

III. Charger d’examiner les dossiers et d’annoncer le verdict les personnes : Camarades Merkoulov, Bachtakov (troisième nom est illisible – ajouté à la main)

Commissaire des Affaires Intérieures de l’Union Soviétique

L.Béria

Cachet du Comité des Archives


Sous-chef de la police politique en 1938, ministre de l'intérieur de 1942 à 1946, Lavrenti Pavlovitch Beria fut promu maréchal de l'Union soviétique en 1945. Dans ses différentes fonctions, il incarna la " terreur stalinienne ". Après la mort de Staline, il fut arrêté et exécuté en décembre 1953, à la suite d'un procès secret.


        Bien entendu la non responsabilité de l'Allemagne nazie dans l'affaire de Katyn ne l'exonère en rien de celle et combien terrible de l'horreur concentrationnaire : au moment de la dénonciation de Katyn par les nazis, les usines de la mort tournaient à plein régime.

Je conseille à tous les visiteurs ce lien sur l'univers concentrationnaire :

http://perso.wanadoo.fr/moulinjc/Camps/800X600/sommaire.htm